La petite optimiste

Francúz Matthieu: Prečo žije na Slovensku a ako sa mu učila slovenčina?

Matthieu je francúzsky polyglot, informatik, esperantista a človek, ktorý už tretí rok žije na Slovensku (a tvári sa pritom celkom spokojne). Okrem toho je to aj môj dobrý kamarát, ktorý mi dobrovoľne a bez frflania (aspoň zatiaľ) pomáha a občas aj píše na tomto blogu. Rozhodla som sa ho preto poriadne vyspovedať. Zistiť, čo sa mu na Slovensku páči, nepáči, čo mu tu z Francúzska chýba. Ale aj to, čo by poradil študentom francúzštiny, ako sa mu učila slovenčina alebo čo je to vlastne esperanto.

A aby sme si všetci (vrátane mňa) potrénovali francúzštinu, rozhovor prebiehal po francúzsky. Ale mohol by úplne pokojne aj po slovensky. Keďže Matthieu hovorí slovensky naozaj skvelo. Ako sa určite ešte presvedčíte aj sami 🙂

— Všetky zvýraznené slovíčka nájdete preložené na konci článku. —


Pourquoi un Français habite-il en Slovaquie ?

Par hasard (rire). Je suis venu grâce au Service Volontaire Européen. C’est un programme de l’Union européenne pour les jeunes qui veulent passer quelques mois ou un an dans un autre pays.

Alors, ce n’était pas pour la Slovaquie ?

Non, ce n’était pas vraiment pour la Slovaquie mais plutôt pour l’organisation dans laquelle je travaille. C’est une association qui fait des projets en rapport avec des langues, sur Internet surtout. On organise aussi diverses rencontres internationales et on utilise l’espéranto.

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, qu’est-ce que c’est que l’espéranto ?

C’est une langue qui a été inventée au XIXe siècle pour la communication entre les gens de langues maternelles différentes. Par exemple, je travaille avec des gens de plusieurs pays, en ce moment, ce sont des gens qui viennent de Slovaquie, de Pologne, d’Ukraine, de Russie, d’Italie et de Géorgie. Et on parle ensemble tout le temps en espéranto.

J’ai commencé à l’apprendre il y a dix ans. Je l’ai découvert un peu par hasard sur Internet, ça avait l’air intéressant et j’ai appris sur Internet tout seul.

(Pour tous ceux qui s’intéressent à l’espéranto, Matthieu a écrit un article détaillé à ce sujet.)

Les participants du cours d’espéranto d’été en 2015 à Martin

Quelles langues étrangères parles-tu, à part l’espéranto ?

À part le français et l’espéranto, je parle anglais, slovaque et russe et je parle aussi mal allemand. J’ai toujours trouvé intéressant d’apprendre des langues étrangères.

En ce moment, j’essaie de me remettre à l’allemand, mais je n’ai pas énormément de motivation. Cette langue n’est pas aussi intéressante que le slovaque par exemple, alors ce n’est pas gagné. Et puis je voudrais apprendre le hongrois, c’est super intéressant ! Ils ont des mots bizarres et la grammaire est très intéressante. J’ai déjà un petit peu commencé.

J’ai aussi un blog où je parle surtout de langues et de mes voyages. Je l’ai commencé quand je devais avoir 15 ans, j’ai écrit pas mal de conneries. Et après, j’ai supprimé beaucoup de conneries (rire).

Comment apprends-tu des langues étrangères ?

J’utilise Anki pour apprendre du vocabulaire. Sinon, j’essaie de lire et de regarder des vidéos et tout ça dans ces langues. Quand j’entends un mot que je ne connais pas, je le note pour plus tard. Quand j’aime bien une chanson, je regarde les paroles. Et je suis bizarre, mais j’aime bien étudier la grammaire. J’ai même écrit un article sur Wikipédia en français sur la langue slovaque.

Le carnet de vocabulaire de Matthieu

Alors, tu n’a jamais fréquenté de cours dans une école de langues, même avec le slovaque ?

Non, jamais.

C’est vraiment incroyable parce que je peux confirmer que tu parles très bien slovaque.

Merci (sourire). Vivre en Slovaquie sans connaître le slovaque, ce n’est pas très facile. J’aurais besoin toujours de quelqu’un pour m’expliquer tout. Mais c’est vrai que mes collègues, ils ne parlent pas tous slovaque. Du coup, ils ont souvent besoin de moi pour traduire des trucs.

Pour commencer j’ai utilisé le livre Colloquial Slovak en anglais parce qu’en français il n’y a presque rien. Dans l’association où je travaille, on a travaillé sur un site pour apprendre le slovaque pour les étrangers (Slovake.eu) et je l’ai traduit en français, donc en fait je traduisais et en même temps j’apprenais le slovaque. Et après j’ai appris en parlant, en écoutant.

Est-ce que c’est difficile à apprendre ?

Je ne trouve pas votre langue particulièrement difficile, c’est une langue comme les autres. Pas spécialement plus dure que d’autres.

Est-ce que tu écoutes de la musique, regardes des films / des séries ou lis des livres en slovaque ?

Pas beaucoup en fait. En ce qui concerne la musique slovaque, j’aime bien par exemple Sima Martausová, Elán ou IMT Smile. Mais je n’ai pas lu d’auteurs slovaques et je n’ai pas regardé beaucoup de séries en slovaque. Mais j’ai un peu regardé par exemple The Big Bang Theory avec le doublage slovaque.

Qu’est-ce que tu trouves le plus difficile sur le slovaque ?

(Matthieu a répondu à cette question en slovaque. Écoutez son excellent slovaque 🙂 )

Tu habites en Slovaquie depuis 3 ans, ce n’est pas peu. Est-ce que tu es toujours content chez nous ?

Oui, j’aime bien la Slovaquie, j’aime bien la langue, j’ai des amis slovaques et ce n’est pas trop cher ici. C’est pour moi confortable, je suis habitué. Même si c’est vrai que je ne veux pas rester toute ma vie dans cette ville, maintenant ça va. Je vais peut-être chercher quelque chose à Bratislava, par exemple.

Quels lieux as-tu déjà visité ? Qu’est-ce qui t’a plu ?

J’ai visité pas mal d’endroits en Slovaquie, par exemple Bratislava, Nitra, Banská Štiavnica, Trenčín, les Tatras, les Poloniny, le château de Bojnice ou une grotte dans les basses Tatras (Demänovská jaskyňa slobody).

La plus belle ville que j’ai visitée en Slovaquie, c’est Banská Štiavnica et sinon j’aime bien les Tatras, l’été dernier on est allé sur le Kriváň et c’était formidable.

Matthieu sur le Kriváň

Et les Slovaques ? Vois-tu de grandes différences entre les Slovaques et les Français ?

Je ne pense rien de particulier sur les Slovaques, ce sont des gens normaux. Je ne pense pas qu’il y ait une différence énorme entre les Français et les Slovaques. Malgré tout, je crois que les Slovaques boivent plus d’alcool fort que les Français, en tout cas j’ai commencé à boire en Slovaquie (rire).

Est-ce qu’il y a quelque chose que tu n’aimes pas en Slovaquie ?

Le problème, c’est que j’ai un salaire slovaque (rire). Sinon, je n’aime pas trop les transports. Oui, c’est pratique et « cp.sk » est super, mais le truc est qu’en général ça dure longtemps. Si je veux aller à Bratislava, ça prend au moins deux heures. En France, on a le TGV. Mais au moins, en Slovaquie, pour prendre le train, je n’ai pas besoin de vendre mes organes (rire).

Quelles choses françaises te manquent ici ?

Ma famille, ils ne sont toujours pas venus me rendre visite en Slovaquie. Et puis ils habitent au bord de la mer, et la mer, il n’y en a pas trop ici (rire). Et aussi, je préfère plutôt la cuisine française que la cuisine slovaque.

Mais les transports à Paris ne me manquent pas du tout par exemple. Prendre le métro tous les jours, ça ne me manque pas.

La mer près de chez Matthieu en France (près de la Rochelle)

Est-ce que tu as déjà rencontré des stéréotypes sur les Français en Slovaquie ?

Il y a pas mal de personnes qui m’ont posé des questions sur les grenouilles, mais je n’ai jamais mangé de grenouilles de ma vie. Voilà. On ne bouffe pas de grenouilles, c’est la propagande anti-française (rire) ! La même chose pour les escargots, j’en ai mangé deux ou trois fois dans ma vie.

Le stéréotype fréquent est que les Français ne parlent pas anglais, qu’est-ce que tu en penses ?

Oui, je pense que la plupart des Français ne parlent pas vraiment bien anglais. Mais c’est un peu pareil en Slovaquie. Vous avez peut-être seulement une meilleure prononciation que nous. En France, je pense qu’il y a aussi pas mal de gens qui ont honte de leur accent ou de leur niveau d’anglais et qui préfèrent ne rien dire plutôt que dire quelque chose avec des fautes ou avec un mauvais accent.

La cuisine française et la cuisine slovaque, il y a une grande différence entre les deux. Quels repas français te manquent ?

Par exemple, les éclairs au chocolat. Je n’en ai pas trouvé ici. Pareil avec les tartes flambées que je mange souvent en France. En Slovaquie, on ne mange pas beaucoup de fruits de mer et ce genre de choses, mais c’est normal.

Sinon, à chaque fois quand je reviens en France, ou presque, on fait des crêpes. Même si vous en avez des pareilles ici.

Les éclairs au chocolat (source: cuisineaz.com)

On a déjà parlé de l’espéranto et du slovaque. Alors venons-en au français maintenant. Comment les Français voient leur propre langue ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui pose problème même pour vous ?

Je pense que le problème pour les Français, c’est l’orthographe. Parce que suivre les règles d’orthographe, c’est super compliqué. Et parfois je pense que c’est un peu artificiel et stupide. Ça m’arrive de temps en temps de devoir regarder comment on écrit un mot, dans les cas complexes. Par exemple quand je ne sais pas si c’est avec majuscule ou minuscule ou s’il y a un tiret ou pas.

À part ça, il y a l’accord du participe passé avec le verbe avoir et ça, c’est super compliqué. Je ne sais pas d’où viennent les règles parce que quand on parle, dans la plupart des cas, ça ne s’entend pas du tout.

Est-ce que tu as quelques conseils pour des étudiants de français ?

Il ne faut pas avoir peur de faire de fautes et il faut pratiquer. Je pense qu’il faut faire attention à la prononciation quand même. Ça peut être difficile, parce que je sais qu’on a des sons bizarres en français. Mais si vous mélangez toutes les voyelles nasales, ça peut être difficile à comprendre pour un Français.

Pour finir notre interview, est-ce qu’il y des événements intéressants que tu coorganises cette année ?

Oui, en juin on organise un rencontre de polyglottes Polyglot Gathering à Bratislava. C’est pour les gens qui aiment bien apprendre des langues étrangères, qui s’intéressent aux langues et tout ça. Il y aura centaines de participants de plein de pays et il y aura beaucoup de conférences sur les langues. Ça va être bien. J’invite tous ceux qui s’intéressent aux langues étrangères.

Sinon, en juillet, on organise un cours d’espéranto d’été (Letná škola esperanta), une semaine à Banská Štiavnica. Là aussi, il y aura plein de participants de plein de pays.


Ak by ste sa chceli Matthieua spýtať niečo aj vy, určite napíšte do komentára pod článkom. Som si istá, že vám rád odpovie 🙂


Vocabulaire

avoir l’air – vyzerať
à part qn / qc – okrem, s výnimkou koho / čoho
se remettre à qc – pustiť sa znovu do niečoho, začať znovu s niečím
pas mal de qn / qc – dosť koho / čoho
connerie (f) – hlúposť, sprostosť
du coup – teda, takže
en fait /ɑ̃fεt/– v skutočnosti
particulièrement – výnimočne, mimoriadne
habitué, e – zvyknutý
grotte (f) – jaskyňa
formidable – skvelý, vynikajúci
TGV – (le Train à Grande Vitesse) vysokorýchlostný vlak francúzskych národných železníc
au bord de qc – na okraji čoho
grenouille (f) – žaba
bouffer – jesť (hovor.), napchávať sa
escargot (m) – slimák
éclair (m) – blesk
artificiel, le – umelý, neprirodzený
tiret (m) – spojovník (tiež: pomlčka)

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